Retour en hiver
Me voilà de retour chez moi, dans mon paris tout gris, tout fffroid.
Dimanche
dernier, après une courte hésitation, je me baignais au Petit Travers à
Montpellier. Et jusqu'à avant-hier, avant le train Monpel-Paris, je ne
dépassais jamais l'épaisseur tee-shirt+polaire. J'avais même oublié le
mot “chauffage“.
Mais c'est bien comme ça. Il faut bien que l'hiver
commence à un moment au un autre, et j'aime autant qu'il ne commence
pas de manière fourbe, genre on sait pas comment s'habiller.
Sinon le tournage du court-métrage à Montpellier s'est relativement bien passé. Équipe sympa, pas de grosses galères et quelques très bonnes rencontres.
Par contre le fonctionnent ultra protocolaire du cinéma, reste vraiment un grand mystère pour moi…
J'ai un bon exemple :
J'étais
en train d'utiliser le coffre de ma voiture en guise d'établi, pour
préparer un petit mécanisme à deux balles pour animer un oiseau mort. (on avait besoin d'un oiseau agonisant mais c'est pas nous qui l'a tué, juré craché!).
J'étais donc non loin de la scène qui allait être tourné, mais
suffisamment à l'écart pour être peinard. Mon boulot étant fait, soit
transformé un bureau vide en un bureau en bordel, il ne me restait
comme option soit de glander sur le tournage, soit préparer mon boulot
du lendemain. Parce que c'est interdit de glander au soleil en lisant
un bouquin, quand on glande il faut avoir l'air sérieux.
J'étais
donc au cul de ma voiture confortablement assis sur une chaise de
jardin, musique en sourdine, en train de bouiner tranquillement quand
soudain j'entends au loin dans un talkie : "LA DÉCO ! JOEL !",
alors je me lève en direction de la scène, mon portable sonne, oui-oui
j'ai entendu j'arrive, je presse la pas, monte les escaliers quatre par
quatre, et me voilà sur le plateau prêt à affronter l'urgence.
“ah joel, te voilà, oui il faudrait régler les horloges sur 15h15”
Immédiatement
je règle les deux horloges à aiguilles à l'heure indiqué par la
scripte, et 20 secondes après mon arrivée j'annonce fièrement : C'est bon! c'est fait!.
Aussitôt la première assistante annonce aux 10-12 membres de l'équipe sur le plateau et au talkie : c'est bon on va y aller! tout le monde en place!
Je pouvais alors retourner me planquer au cul de ma caisse, avec la satisfaction de la mission parfaitement accompli,
même si à la portée de n'importe quel clampin.
Le protocole du cinéma c'est ça, chacun à son travail, et surtout, surtout on ne touche pas à celui des autres.